La page blanche

Dominique Temple | Juin 2011

Mis en ligne en 2011 et publié dans la Collection réciprocité, n° 10 en 2018.

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Introduction

Stéphane Lupasco a proposé que la logique d’identité ne soit qu’un cas particulier d’une logique plus générale la logique dynamique du contradictoire comme la mécanique de Newton est un cas particulier d’une dynamique plus générale ou la géométrie d’Euclide un cas particulier d’une géométrie plus générale.

Grâce à la logique dynamique du contradictoire, nous défendrons l’hypothèse que la relativisation des contraires donne naissance à une résultante en elle-même contradictoire dépourvue de tout caractère existentiel mais révélée par l’affectivité du sujet. La réciprocité (entre les hommes) devient alors la matrice d’une relativisation des contraires, intersubjective, à l’origine du sentiment éthique et du sens des connaissances qui en sont les limites non-contradictoires.

L’obstacle principal à la logique du contradictoire est la thèse que Stéphane Lupasco défend sous le nom de dualisme antagoniste dont les difficultés l’amenèrent à formaliser la logique du contradictoire. Lupasco, au lieu de réinterpréter le dualisme à partir de la logique du contradictoire, tentera d’interpréter le Tiers inclus de cette logique à partir du dualisme, s’engageant dans une voie sans issue. Cette remarque n’invalide pas totalement le dualisme. On doit reconnaître que la généralisation du Principe de Pauli a donné à la Biologie son fondement théorique. C’est d’ailleurs cette découverte qui nous a conduit à nous intéresser à cette œuvre. Il faut aussi reconnaître que la physique et la biologie ont posé elles-mêmes la question du dualisme même si elles ne lui apportent aucune réponse.

La référence à Lupasco reste cependant ambiguë car elle conduit à une impasse quiconque essaie de concilier la thèse du dualisme antagoniste telle qu’elle est exprimée en 1935 et la logique du contradictoire formalisée en 1951. En particulier sa tentative d’une théorie de la connaissance, à partir du dualisme antagoniste qui aurait pu intéresser les sciences humaines, ne parvient pas, selon nous, à rendre compte de la conscience.

Voilà pourquoi nous avons cru prudent de proposer une analyse critique du dualisme d’antagonisme de Lupasco, puisque par ailleurs nous croyons nécessaire la logique du contradictoire pour comprendre en quoi la réciprocité anthropologique diffère de la réciprocité physique, en tant que matrice des valeurs humaines.