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3. Le marché de réciprocité négative

Origine du Marché de réciprocité négative

Dominique TEMPLE | 2003

Emulation et compétition dans le marché de réciprocité

Dans un système de réciprocité des dons, il faudrait sans doute parler d’émulation plutôt que de concurrence. L’émulation est ordonnée au bien commun au lieu de l’être à l’intérêt individuel. Lorsque les hommes découvrent les conditions de leur liberté, ils n’ont de cesse en effet de les reproduire et luttent entre eux pour être les premiers dans cette production. Ils en tirent autorité morale et prestige social. Pourtant la question de la compétition n’est pas close avec l’émulation, car l’homme n’est pas toujours en situation d’être compétitif pour être le plus grand donateur. Encore faut-il qu’il ait les moyens de produire et donc de donner. On ne peut donc faire l’impasse sur la question de la rareté qu’invoque la théorie libérale pour justifier sa fable célèbre de la guerre de tous contre tous (il faut en effet qu’une chose soit rare au vu de sa demande pour qu’elle soit convoitée des uns ou des autres).

Ainsi, les tenants de cette thèse présument que dès l’origine certaines choses étaient insuffisantes pour satisfaire l’envie de tous, d’où la jalousie des uns et des autres et une violence généralisée à laquelle l’échange aurait mis fin. C’est pourtant ignorer que dans toutes les sociétés humaines, la violence fut aussi maîtrisée par la réciprocité. La partie agressée constatait aisément qu’elle disposait d’un équivalent virtuel du bien perdu, un sentiment de vengeance  (lire la définition) , dont elle pouvait tout aussi aisément constater qu’il disparaissait dès lors que la vengeance était accomplie. Or, la réciprocité  (lire la définition) permet aux deux adversaires de se reconnaître comme détenteurs d’une conscience qui est tout à la fois celle de l’agresseur et de l’agressé, et la question vient de choisir entre cette reconnaissance d’une valeur commune née de la confrontation entre deux violences maîtrisées et la non reconnaissance de cette valeur ; la guerre n’ayant alors d’autre fin que d’anéantir l’ennemi pour conserver la maîtrise des biens ou réaliser sa vengeance.

Dans la réciprocité qui relativise la violence apparaît un sentiment commun, comme dans la réciprocité des dons, qui va permettre à chacun de se nommer pour l’autre comme pour lui-même “homme prestigieux”. Les hommes ont partout choisi d’inscrire la violence dans la réciprocité. Celui qui maîtrise la violence par la réciprocité est même reconnu comme un héros, c’est-à-dire libre de tout tribut à la nature primitive. On ne compte pas les communautés humaines qui se réfèrent à un héros fondateur de ce type.

On pourrait proposer cette image pour introduire un mythe des origines qui rend compte de la réciprocité négative  (lire la définition)  : d’abord régnait le chasseur qui affrontait la nature sur le mode de la prédation. Le chasseur ignorait l’accumulation ou la propriété. Par contre, il n’ignorait pas la réciprocité sous une forme précise : le partage. On dit souvent que le chasseur ne peut consommer sa proie. Il la donne aux autres tandis qu’il reçoit une part de leur gibier. Ce tabou sur sa propre chasse indique que l’homme se dit homme par l’institution de la réciprocité contre la loi de nature car les fauves consomment leur proie. Toujours la même antinomie de la réciprocité et de l’intérêt privé ! C’est une des grandes leçons du chasseur que la prohibition de l’inceste de nourriture !

Un mythe de l’origine de la réciprocité négative

Mais déjà le chasseur interpellait la nature comme partenaire de réciprocité négative. En Amérique du Sud, raconte Bartomeu Melià, les Enawene Nawe, peuple indigène du Mato Grosso brésilien, imaginent que jadis les poissons dévorèrent l’un des leurs, leur premier fils bien-aimé, et qu’ils furent donc habilités à la vengeance. Depuis ce temps, chaque année, ils vont construire sur un fleuve affluent de l’Amazone un grand barrage percé de trous où ils disposent des nasses. Lorsque les poissons reviennent de frayer, ils se prennent dans les nasses. Une vengeance toutefois relative car lorsque la pêche est suffisante, on détruit le barrage et l’on détruit les nasses. Puis, on fait sécher le poisson pris. Le rituel alors est éloquent : chaque pêcheur offre un poisson d’une main à un pêcheur, et de son autre main à un autre pêcheur. Ce sont les enfants qui portent les poissons des uns aux autres et reviennent avec des poissons offerts par les autres pêcheurs à leurs parents jusqu’à ce que tous les pêcheurs aient reçu un poisson de chaque pêcheur et donné un poisson à chaque autre.

Cette pêche, qui dure deux mois, mobilise une moitié du village, et lorsque cette moitié rentre à la maison, ses membres se déguisent avec des masques de feuillage. Ils sont des esprits de la forêt ou esprits de vengeance puisqu’ils reviennent d’une guerre avec les poissons régie par la réciprocité négative. L’autre moitié du village se figure qu’elle est assaillie, sort les lances et simule d’accepter un combat, mais les assaillants dévoilent alors les poissons séchés et les offrent tandis que les autres posent les lances et vont chercher des calebasses pleines de vin de manioc.

Avec la nature, la prédation avait été convertie en réciprocité négative : les hommes ne prennent des poissons que parce qu’un poisson a mangé l’un des leurs, mais ensuite cette réciprocité négative est convertie en réciprocité positive lorsque les pêcheurs déguisés en esprits de vengeance reviennent au village et offrent les poissons. Aussitôt, la réciprocité positive remplace la réciprocité négative. Ce rituel donne sens au réel car le poisson accumulé servira de nourriture jusqu’à l’année prochaine, chaque famille offrant ladite nourriture à toutes les autres chacune à son tour. Il n’est pas possible dans cette communauté de manger de sa propre production de façon égoïste.

Échange et réciprocité : la confusion

Les traditions des Enawene Nawe nous permettent de dissiper une très fréquente erreur qui consiste à confondre l’échange  (lire la définition) et la réciprocité. Chacun ayant reçu un poisson de l’autre et donné un de ses poissons à l’autre, on pourrait dire : voilà le principe de l’échange que les Enawene Nawe apprennent et peu importe que ce soit avec du poisson contre du poisson ou du poisson contre du manioc.

Rappelons donc le principe de l’échange : il est ordonné par la convoitise de ce que l’autre possède. Même si l’autre ne possède qu’une chose identique à celle que vous possédez, le fait qu’il la possède ajoute à cette chose un caractère essentiel : elle est à lui. Et c’est de cette possession que vous pouvez être jaloux. Lévi-Strauss a fondé l’échange sur cette jalousie en observant ce mécanisme chez les enfants qui à un stade précoce disent “tout est à moi”. Et l’anthropologue de conclure : « Ce qui est désespérément désiré ne l’est que parce que quelqu’un le possède ». Ensuite, toujours selon Lévi-Strauss, devant la résistance d’autrui, l’enfant apprendrait à se satisfaire d’une égalité qui le conduirait à attendre son tour par la réflexion suivante “si je ne peux être suprême, nous devons être égaux”. En d’autres termes, poursuit Lévi-Strauss : « L’égalité est le plus petit commun multiple de tous ces désirs et de toutes ces peurs contradictoires » [1]. L’échange devient donc le principe universel selon lequel on peut obtenir quelque chose d’autrui en évitant l’affrontement. Le besoin de sécurité (la peur) est la raison pour laquelle chaque individu consent à l’échange avec autrui. Dans cette perspective, pas de création d’aucune valeur humaine.

À cela, nous pouvons opposer que l’enfant qui dit “tout est à moi”, dit bientôt et très bientôt : “Tiens !”, et apprend aussi à donner pour voir ce que cela donne de donner. Or, l’enfant se désintéresse de l’objet qu’il donne pour répéter inlassablement le geste de donner, jusqu’à vider vos armoires de toute votre vaisselle et couverts parce qu’il sent que dans l’acte de donner et recevoir il y a plus que dans l’objet donné.

En tout cas, pour revenir à un exemple semblable à ceux qu’affectionne Lévi-Strauss, les enfants des Enawene Nawe ne risquent pas de convoiter les poissons des autres, car ils sont plus que pourvus de poissons, mais ils apprennent ce qu’il y a de nouveau de donner de leurs poissons aux autres. Quel est ce plus ? C’est le sentiment de s’intégrer à un ordre de relations qui appartiennent à la socialisation dont témoignent leurs parents par la Parole, car au sein de cette réitération du donner et recevoir apparaît en effet immédiatement le champ de la Parole qui nomme soi et l’autre par les premières personnes du verbe donner (da !) puis nomme les choses qui sont engagées dans le don.

Les choses données sont perçues pour le sens qu’elles recevront d’être données et reçues, un sens nouveau par rapport à leur utilité et qui est d’ordre symbolique. Pour les enfants des Enawene Nawe, les noms des personnes de la communauté dans laquelle ils vivent. Cette relation, dite de réciprocité, est donc la matrice de ce qui deviendra le langage. Ce n’est pas rien, et nous sommes là non pas dans une relation d’échange évolué, mais dans une relation différente sinon antinomique de celle de l’échange et qu’il faut appeler d’une autre manière sous peine de confusions interminables.

Le rituel des Enawene Nawe est explicite à ce sujet. Ce sont les enfants les plus petits qui sont chargés de porter les poissons des uns aux autres. Ils sont ainsi introduits dans le champ de la réciprocité. Mais la réponse sociale à laquelle ils sont invités à participer n’est pas, comme le prétend Lévi-Strauss, le désir de posséder : « le désir de posséder est d’abord et avant tout une réponse sociale. Et cette réponse doit être comprise en termes de pouvoir ou plutôt d’impuissance », dit Lévi-Strauss qui explique que la jalousie répond « à un besoin seul primitif : le besoin de sécurité » [2]. Il n’en est rien : l’enfant est en sécurité entre son père et sa mère et s’il apprend à donner, c’est pour apprendre à parler.

Le commerce, marché de réciprocité négative

On peut alors s’interroger sur ce que devient la réciprocité de vengeance lorsque elle est reportée au niveau du langage et que ses enjeux ne sont plus la vie entière des uns ou des autres mais seulement des richesses matérielles ou symboliques. C’est ici qu’intervient ce que nous appellerons le « marché de réciprocité négative ».

Dans tous les marchés de réciprocité  (lire la définition) on observe des compétitions qui semblent s’apparenter à la concurrence car elles sont aussi ordonnées à l’acquisition de biens. Sur certains marchés, ont lieu d’âpres palabres entre acheteurs et vendeurs qui ne semblent pas se soucier de la nécessité d’autrui mais de la leur propre, chacun cherchant à obtenir de l’autre les conditions les plus favorables, mais qui tournent souvent au jeu ; une forme sublimée de la réciprocité négative. On ne peut alors invoquer le souci de l’intérêt d’autrui comme le moteur de la transaction. Il semble bien que ce soit l’intérêt propre qui motive ces discussions.

Il nous faut donc considérer l’enjeu de ces discussions. On observe d’abord que les prix affichés sur les marchés de réciprocité négative sont différents des prix de vente réels, et que l’acheteur compare le prix annoncé au prix qu’il paie à la suite de la palabre. Or, sur les marchés capitalistes, l’offre et la demande induisent la comparaison de prix affichés, de sorte que le choix tend immédiatement vers la solution la plus appropriée pour l’acheteur.

Cette différence, comment la comprendre ?

Bartomeu Melià l’a examinée en Amérique du Sud [3]. Au Paraguay, constate-t-il, les Amérindiens Guaranis pratiquaient jadis la réciprocité positive mais aussi la réciprocité négative, la réciprocité de vengeance. Aujourd’hui, le mot “tepy” signifie paiement et vengeance.

« Les exemples qui illustrent la sémantique du terme tournent autour des sens de “rançon” et “libération” en plus de ceux principaux de “vengeance” et de “paiement”. Transférée à la Tradition chrétienne, la parole prendra une signification comme suit, traduite par A. R. de Montoya : “Ñande Jára guguy pypé ñande repy” = “Notre seigneur nous racheta, nous sauva, nous libéra avec son sang” [4]. Cette vengeance est le paiement d’un prix et c’est le prix en soi : “ahepy enói” = “donne-lui son prix” ; “Hepy mirï” = “il a un petit prix”. Le même mot signifiera également “vente”, de laquelle se tirent les exemples inscrits déjà dans le contexte colonial (...)
De fait, dans le guarani paraguayen, langue indigène qui est aujourd’hui l’expression d’une société non indigène qui depuis des siècles a adopté l’économie de marché, le terme “tepy” en est venu à signifier “prix” et “marchandise” ; “Hepy eterei” = “c’est très cher, a beaucoup de prix” ; qui, ramené au sens antique, viendrait à signifier “sa vengeance est très grande”.
Si le “tepy” comme vengeance s’applique également à paiement, à prix et à vente, c’est parce qu’il y a une analogie fondamentale dans le champ de ce que nous appelons aujourd’hui l’économie. Celui qui se venge est comme celui qui met un prix, celui qui rachète et celui qui libère moyennant paiement. Qui paie un prix accepte la vengeance de l’autre mais est disposé à se payer à son tour sa propre vengeance » [5].

L’observation de Melià permet d’appréhender le commerce, la demande, l’offre et même l’accumulation de façon complètement différente de la façon dont l’économie politique l’appréhende à partir de l’habitude prise dans les sociétés capitalistes. L’acte de la vente et celui de l’achat apparaissent en effet comme une relation de prendre (l’achat) et de céder (la vente) où la demande précède l’offre comme une agression aussitôt redoublée de la vengeance de celui qui cède : cette vengeance est le prix.

Celui qui subit la première injure dispose d’une “âme de vengeance” et peut instaurer la rançon. D’où la plainte éventuelle de celui qui est soumis à cette rançon lorsque celle-ci est estimée trop forte. En effet, en payant le prix, il devient à son tour l’agressé et il acquiert à son tour une “âme de vengeance” qui lui permet de revendiquer de prendre ; d’où la discussion qui tend donc vers l’équilibre de la réciprocité, vers la réciprocité symétrique  (lire la définition) . Mais n’est-on pas ici dans ce que nous appelons la palabre, c’est-à-dire dans le jeu d’une demande et d’une offre entre deux interlocuteurs ? Le prix final apparaît alors comme la valeur créée par la relation de réciprocité négative. Il devient le symbole de cette relation. La palabre paraît être l’interlocution par laquelle se transcende la réciprocité négative dans le réel (rapt et rançon) pour instituer la réciprocité dans le langage. La réciprocité négative institue un lien privilégié entre l’acheteur et le vendeur qui oblige le vendeur à être à son tour acheteur de son acheteur, et réciproquement.

La relation de réciprocité accouple donc chaque acheteur avec son vendeur, et la variation du prix payé par rapport au prix annoncé conduit à construire un prix accepté. La discussion a pour objet une parole qui exprime le sentiment né de la réciprocité entre l’acheteur et le vendeur. Plus précisément la réciprocité négative engendre un sentiment mutuel qui situe les protagonistes comme siège d’une Parole qui cherche sa vérité (le prix juste). On imagine alors comment est tissé le marché de réciprocité négative : marché de relations personnalisées au plus haut point, tributaire de valeurs éthiques et non pas de la loi du plus fort.

Il suffit d’imaginer que chaque partenaire achète et vende à un partenaire différent pour retrouver la structure du marché que nous avons déjà rencontrée avec la réciprocité positive de type ternaire. Le marché, disait Guingane, est le lieu où éclot et se nourrit la Parole : et donc le prix juste qui s’obtient dans une relation de réciprocité binaire ou ternaire, positive ou négative, entre l’acheteur et le vendeur.

Si l’on décrit dans les termes marxistes le marché de réciprocité négative, il pourrait l’être ainsi : le commerçant qui achète une marchandise la revend avec un prix de vengeance (A–M–A’), mais lorsqu’il achètera à son acheteur la marchandise de celui-ci, il acceptera le prix de celui-ci A’’ (sa vengeance). Pour ce dernier, la formule est donc A’–M’–A’’. Il faut en effet tenir compte de la réciprocité soulignée par Melià : « Qui paie un prix accepte la vengeance de l’autre, mais est disposé à se payer à son tour sa propre vengeance ». La différence A’–A doit alors être égale à la différence A’’–A’, de sorte que la formule du marché de réciprocité négative soit un rapport d’égalité : A–M–A’/A’–M’–A’’.

On voit cependant qu’il suffit de rompre la réciprocité et d’instaurer une frontière de propriété (la privatisation de la propriété) pour que la formule (A–M–A’/A’–M’–A’’) puisse être coupée en deux (A–M–A’) (A’–M’–A’’). Et chacune de ces formules étant indépendante de l’autre devient alors celle du Capital (A–M–A’). La concurrence capitaliste se substitue aussitôt à la réciprocité négative.

Mais que signifie cette rupture ? Elle signifie la fin de la réciprocité et par conséquent l’arrêt de la genèse de la valeur dont elle était la matrice et de son expression dans le prix juste. Par contre, elle initie la liberté de chacun vis-à-vis de tout autre et lui permet d’imaginer la croissance de son bénéfice dans son seul intérêt fût-ce au détriment de celui d’autrui : le profit.

Si la relation d’achat et de vente est réciproque, on doit parler de réciprocité négative. Ce commerce ne paraît pas réductible à celui de l’économie capitaliste ni même au libre-échange. Insistons sur la différence parce que les chercheurs qui reconnaissent que l’échange ne peut provenir de la réciprocité des dons pourraient s’imaginer que l’échange provient de la réciprocité négative. Cette idée paraît aussi fausse que l’idée de faire provenir l’échange de la réciprocité des dons. Il n’est pas la même chose en effet de compter comme butin pour accroître son capital les rapts ou vols perpétrés sur autrui ou de compter les vengeances de tels rapts ou vols quand ils sont destinés à établir ou rétablir le sentiment d’être reconnu par autrui comme partenaire de réciprocité ou comme membre d’une même communauté. Les marchands de réciprocité négative ont une autre finalité que la seule accumulation de richesses. Ils établissent d’abord des valeurs humaines au même titre que les marchands sur les marchés de réciprocité positive. Ils sont tous des Enawene Nawe. Ce pourquoi on peut parler de peuples commerçants.

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Notas

[1] LÉVI-STRAUSS, C. Les structures élémentaires de la parenté. Paris : Mouton (1947), 1967.

[2] Ibid.

[3] MELIÀ, Bartomeu. El Guaraní conquistado y reducido. Ensayo de etnohistoria. Biblioteca Paraguaya de Antropología. Vol. 5. Asunción, Centro de Estudios Antropológicos de la Universidad Católica, 1986, 2da edición, 1988.

[4] MONTOYA, Antonio Ruiz (de). Tesoro de la lengua Guaraní. Madrid, 1639 (ed. facsim. por Julio Platzmann, Leipzig, 1876), f. 381v-382.

[5] MELIÀ, Bartomeu & Dominique, TEMPLE. El don, la venganza y otras formas de economía guaraní. Centro de Estudios Paraguayos “Antonio Guasch”, Asunción del Paraguay, 2004, p. 144.