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janvier 2009

1. La réciprocité primordiale et le principe du contradictoire

Dominique Temple

Marcel Mauss observait que dans les sociétés primitives, une même structure rassemble non seulement des prestations à caractère économique et utilitaire, mais aussi : « des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires » [1]. Il proposa d’appeler tout ceci : le système des prestations totales.

Dans son Essai sur le don, il s’intéresse à une structure héritée de ces prestations d’origine qu’il appelle l’échange-don, et qu’il analyse à partir de trois obligations : donner, recevoir et rendre. Or, dans les prestations totales, le face-à-face des clans, des tribus, des familles n’est pas seulement témoignage d’amitié ou d’hostilité, mais simultanément d’amitié et d’hostilité.

Mauss n’insiste pas sur cette simultanéité. Néanmoins, lorsqu’il parle d’une relation de solidarité, il emploie l’expression paradoxale “d’affrontement” : « Les personnes présentes au contrat sont des personnes morales : clans, tribus, familles “qui s’affrontent et s’opposent”… ». Et lorsqu’il propose un exemple de prestations totales, il choisit celui des communautés d’Australie dites dualistes parce qu’essentiellement divisées en deux moitiés. Dans ces communautés, une certaine hostilité entre les moitiés solidaires empêche qu’elles fusionnent dans une seule entité collective et unitaire.

Lévi-Strauss n’insiste pas plus que Mauss sur l’équilibre de l’hostilité et de l’amitié, mais il le met nettement en valeur dans sa définition des organisations dualistes :

« Ce terme définit un système dans lequel les membres de la communauté – tribu ou village – sont répartis en deux divisions qui entretiennent des relations complexes allant de l’hostilité déclarée à une intimité très étroite et où diverses formes de rivalité et de coopération se trouvent habituellement associées… » [2].

Lévi-Strauss a donné une description colorée d’une situation où naît une telle organisation dualiste : la rencontre de deux bandes d’Amérindiens Nambikwara du Brésil central. Deux communautés étrangères l’une à l’autre aperçoivent les fumées de leurs foyers. Elles se rapprochent avec crainte et espoir. Elles campent bientôt à proximité, s’épient, s’entrevoient. Lorsque la rencontre a lieu, qui va durer une nuit entière, les manifestations d’inimitié des uns se croisent avec les gestes d’amitié des autres. Les cadeaux passent des uns aux autres sans comptabilité ni marchandage avec la plus grande générosité, mais aussi le plus souvent avec des allures de défi. Il est impossible de décider si l’aube se lèvera sur la paix ou la guerre. Le temps de l’ambiguïté et de l’indécision d’un équilibre entre la confiance et la méfiance ne parvient pas à se rompre pour céder la place à la fusion des deux groupes ou à leur séparation. Lorsque après plusieurs rencontres les Nambikwara décident de s’allier pour ne former qu’une seule entité sociale, ils pérennisent cet instant d’équilibre en s’appelant les uns les autres “beaux-frères”, comme si les femmes des uns avaient été prises parmi les sœurs des autres.

Les deux groupes ne décident donc pas de s’appeler “frères” et de s’unir dans une seule famille. Ils ne choisissent pas non plus des termes étrangers qui autoriseraient que chacun échange avec l’autre et s’en retourne chez lui fort de s’être enrichi des biens qu’il espérait. Ils choisissent les termes de parenté qui renvoient à une relation de réciprocité originelle car lorsque l’on prend femme, l’autre, le frère de l’épouse, est nécessairement vis-à-vis. Une telle structure de réciprocité supporte un sentiment contradictoire parce que résultant de l’équilibre de forces antagonistes d’attirance et de méfiance. Mais cette situation est dénouée au profit d’une relation nouvelle, génératrice d’un sentiment de paix et de confiance, lorsque la réciprocité devient, grâce à la médiation de la Parole, une relation d’alliance.

Lévi-Strauss rapprochait cette rencontre d’une pratique courante dans notre société qu’il observait dans les modestes restaurants languedociens, l’offre réciproque du vin qui vient dissiper la gêne née d’une situation que l’on peut qualifier également de contradictoire due au rapprochement à la même table de personnes fort éloignées les unes des autres.

La réciprocité d’origine est fondée à la fois sur le Principe du contradictoire  (lire la définition) et le Principe de réciprocité  (lire la définition) , le second servant de siège ou de matrice au premier. Dans le face-à-face ainsi scellé, l’affrontement, comme dit Mauss, et la solidarité sont intimement équilibrés.

La réciprocité, parfois réduite à une simple symétrie ou réversibilité, parfois confondue avec une complémentarité de forces opposées (le mâle et la femelle), existe donc sous une autre forme caractéristique des organisations humaines. Elle est alors la réalisation pour chaque partenaire d’un équilibre permanent entre forces antagonistes : vivre et mourir, acquérir et perdre, nourrir et être nourri, être identique et différent, attirer et repousser…

De tels équilibres n’existent nulle part ailleurs dans la nature. Deux prédateurs peuvent certes se trouver face à face mais chassent ensemble ou s’affrontent jusqu’à ce que l’un triomphe de l’autre. Même le mâle et la femelle ne restent pas en face l’un de l’autre : ils fusionnent et se séparent ensuite. Seuls les hommes se reconnaissent dans un équilibre de forces antagonistes où la conscience élémentaire de celui qui agit se redouble de la conscience élémentaire de celui qui subit, de sorte que de leur relativisation mutuelle naisse une conscience de conscience  (lire la définition) .

La réciprocité permet en effet à celui qui agit sur autrui de subir en même temps cette action puisqu’elle est reproduite à son endroit par l’autre. Elle permet donc que chacun dispose à la fois de sa perception initiale et de la perception antagoniste qui était celle de son vis-à-vis. La structure de réciprocité est le siège privilégié d’une résultante contradictoire de ces perceptions antagonistes à l’origine de toute conscience de conscience.

Lorsque la relativisation de deux consciences élémentaires antagonistes est complète, la conscience de conscience qui en résulte devient le sentiment de l’être même de la conscience. Or, ce sentiment n’est pas seulement pour-soi mais simultanément pour-soi-et-pour-l’autre. Dans la réciprocité, l’être-pour-autrui est l’origine de l’être-pour-soi.

La réciprocité est le siège d’une révélation commune à deux (ou plusieurs) partenaires ; révélation qui paraît ainsi s’imposer de l’extérieur à chacun et s’accomplir en chacun. Elle est le siège d’un bien hors nature. Le sentiment qui naît de la réciprocité est donc reçu comme celui de l’humanité pour tous ceux qui participent de sa matrice. L’homme est d’abord l’hôte de l’humanité. Ce bien est le sentiment de l’être même de la conscience, propre à tous ceux que la réciprocité implique à tous les membres de la communauté, comme l’a observé Mauss. Les prestations primitives sont totales parce qu’elles engagent hommes, femmes, enfants, familles et clans…

Les prestations totales sont l’ensemble des activités prises dans le filet d’une structure unique de réciprocité qui a pour raison l’équilibre des forces mises en jeu. Toute chose concernée par cette structure se voit dotée d’une valeur commune que Mauss appela le mana.

Le principe du contradictoire, l’affectivité et la conscience objective

Le principe du contradictoire a été défini comme une situation contradictoire par Lévi-Strauss mais, en tant que résultante de la relativisation mutuelle des contraires, il peut être étudié comme l’origine d’une épreuve de la conscience dès lors que ses finalités non-contradictoires sont toutes supprimées les unes par la relativisation des autres. Peut-on déceler ce principe à la base de tout système de parenté ?

Dans un chapitre d’Anthropologie Structurale, Lévi-Strauss montre que la structure de parenté la plus simple repose sur quatre termes : « (frère, sœur, père, fils) unis entre eux par deux couples d’oppositions corrélatives, et tels que, dans chacune des deux générations en cause, il existe toujours une relation positive et une relation négative » [3].

L’atome de parenté est donc structuré de telle manière que la somme des relations d’hostilité et d’amitié déclarées soit algébriquement nulle, c’est-à-dire que ces relations affectives oscillent autour d’une résultante contradictoire. Ces relations élémentaires peuvent certes être modifiées, mais la règle demeure : la somme des relations qualifiées reste toujours neutre, toute expression négative est compensée par une relation positive.

Figure 1
Figure 1
Schéma selon LÉVI-STRAUSS C., in Anthropologie structurale 1, p. 54, fig. 1.

Il s’agit dans ces exemples de l’équilibre d’attitudes recevant une qualification. Mais Lévi-Strauss précise :

« En réalité, le système des attitudes élémentaires comprend au moins quatre termes : une attitude d’affection, de tendresse et de spontanéité ; une attitude résultant de l’échange réciproque de prestations et de contre-prestations ; et, en plus de ces relations bilatérales, deux relations unilatérales, l’une correspondant à l’attitude du créancier, l’autre à celle du débiteur. Autrement dit : mutualité (=) ; réciprocité (+ –) ; droit (+) ; obligation (–) ; ces quatre attitudes fondamentales peuvent être représentées dans leurs rapports réciproques de la façon suivante : [4].
Figure 2
Figure 2
Schéma selon LÉVI-STRAUSS, C. in Anthropologie structurale 1, p. 60, fig. 2.

Cette représentation fait apparaître deux attitudes nouvelles qui n’ont pas de qualification, ni positive, ni négative : l’une pour l’affectivité pure (=) spontanéité et tendresse, très proche de ce sentiment d’être homme qui naît au cœur de la conscience de conscience comme sentiment de l’être même de l’humanité ; l’autre (+ –) son inverse, qui témoigne d’une absence de sentiment ou d’affectivité partagée et qui caractérise l’échange.

Regardons le schéma proposé par Lévi-Strauss. Le signe de la mutualité se trouve sur un axe perpendiculaire à celui de la simple opposition du plus ou du moins de façon à s’opposer à son contraire représenté par le point + –. Le point + – est médian entre le + et le – de l’axe horizontal ; il est appelé par Lévi-Strauss réciprocité, mais en l’occurrence Lévi-Strauss veut dire l’échange réciproque puisqu’il attribue le signe positif au débiteur et le signe négatif au créancier.

Il voudrait signifier dans le débiteur un donataire et dans le créancier un donateur, la conclusion serait la même. Il y aurait deux solutions à leur relation : ou bien ils redoubleraient chacun le don de l’autre afin de créer de l’amitié, ou bien le second annulerait le don du premier par son contre-don, interprété comme un échange, afin de rétablir une situation d’indifférence mutuelle. Pour opposer ces deux attitudes, l’une de réciprocité vraie, l’autre d’échange, il faudrait reproduire l’axe vertical à mi-distance des deux protagonistes dont un pôle témoignerait de l’échange réciproque, et l’autre de la réciprocité pure.

Dans l’échange, les deux protagonistes remplacent une part de leurs biens matériels par une part des biens matériels de l’autre [5]. Chacun des partenaires n’ayant pour but que son intérêt se retrouve seul avec lui-même. L’échange, Lévi-Strauss l’a noté, est sans affectivité sinon le contentement de soi ; il est en tout cas dépourvu de la moindre amitié.

À l’opposé de l’échange, Lévi-Strauss situe donc la mutualité, à l’évidence la valeur de la vraie réciprocité, d’où naît un plus d’être, de “tendresse et de spontanéité”… une amitié.

La géométrisation introduite par Lévi-Strauss permet de dépasser les confusions de vocabulaire. Elle introduit la distinction de l’échange et de la réciprocité, bien que celle-ci soit appelée « mutualité » et l’échange « réciprocité » par Lévi-Strauss. Elle apporte au système des attitudes qualifiées, système qui tend vers celui des appellations de parenté, une correction importante puisqu’elle ajoute une affectivité qui témoigne directement de la réciprocité, et une absence d’affectivité qui témoigne de sa négation par l’échange. Elle fait apparaître un axe de l’affectivité pure. Enfin, elle suggère que si l’affectivité globale d’une structure sociale peut être positive sur l’axe du contradictoire, par contre la somme des affectivités qualifiées, elle, est toujours nulle.

Les conséquences des observations de Lévi-Strauss sont trop riches pour être répertoriées dans le cadre de cet article. Notons seulement que dans une structure sociale de réciprocité, chacun est tributaire de son statut communautaire, et que l’individu peut avoir à supporter des charges affectives qui tendent à rétablir des équilibres dont les perturbations ont été produites fort loin de lui et dont il ignore les causes. Le destin est nécessité structurale. Mais la résolution d’un tel sentiment né de la contradiction de forces opposées n’a pas d’équivalent dans la nature : la Parole.

Le sentiment d’humanité qui naît de la réciprocité ne se contente pas d’être, il se manifeste, il se nomme. L’être social qui prend siège dans cette structure primordiale se nomme comme tel peut-être parce qu’il est justement libéré de toute détermination naturelle. On peut imaginer que l’homme fut à ce point fasciné par l’être qui naît de la réciprocité, c’est-à-dire par sa propre émergence en tant qu’être révélé à lui-même, qu’il ne put pas ne pas engager tout de son existence dans sa production. À l’origine, le premier nom qui émerge de cette réciprocité très générale est : « Nous voici les hommes », « Nous sommes les hommes authentiques », « Voilà ceux qui sont par eux-mêmes », tel est toujours le premier nom pour dire que la grâce d’une conscience révélée à elle-même est le propre de l’homme. La grâce est au cœur de la conscience de conscience quand elle n’est encore qu’une conscience de conscience une, pure et indivise, révélation sans attribut particulier, sentiment de son être propre, c’est-à-dire encore le sentiment de l’être.

La raison de la réciprocité est de permettre la naissance d’un lien plus fort que celui de la nécessité biologique. Nous employons le mot lien parce qu’il a une valeur anthropologique : c’est le lien d’âmes de Mauss. Une telle force est indivise. Elle ne peut être comptée au bénéfice de quoi que ce soit, ni au profit de qui que ce soit : elle paraît venir d’ailleurs. Pas plus, en effet, qu’elle n’exclut aucune activité humaine, elle n’exclut personne.

Comment s’effectue ensuite la répartition de ce sentiment entre les diverses relations humaines ?

Chaque activité qui se réalise comme relation de réciprocité devient la source d’un moment contradictoire spécifique et acquiert un sens propre. Si chaque groupe subit un meurtre et tue à la fois, la contradiction des deux consciences élémentaires d’être tué et de tuer devient un sentiment particulier, différent de celui de nourrir et d’être nourri, de protéger et d’être protégé... Si le sentiment d’humanité s’exprime dans le don des vivres, c’est d’être vivant et non pas seulement d’être homme que se précise le sentiment d’être.

Maurice Leenhardt rapporte que les Kanak, sur les îles Lifou, se nomment kamo. Mo est une particule qui fait partie d’un duel (mo-ro) et veut dire “vie”, tandis que ro veut dire “inerte”. Les Kamo sont donc les êtres qui se disent ceux qui sont vivants. L’humanité du premier nom s’éclaire ainsi de l’opération dans laquelle elle est plus précisément engagée. Or, chaque fois que s’ouvre une relation de réciprocité spécifique, apparaît un décalage entre l’action et la réponse. L’activité qui n’est pas toute relativisée par sa contraire est conjointe à une conscience élémentaire non-contradictoire. Chaque fois que la relation de réciprocité est de ce fait polarisée par la domination d’un terme sur l’autre, se crée un déséquilibre qui surimpose au sentiment initial sa visée propre.

Un tel déséquilibre se traduit immédiatement par l’apparition d’une image objective qui prend le dessus du sentiment. Par exemple, l’un donne aujourd’hui et l’autre ne rendra qu’un jour prochain ; la conscience élémentaire conjointe à l’acte de donner vient “border” le sentiment d’être humain d’une image particulière. Entre l’équilibre du contradictoire manifesté par le sentiment pur et les consciences élémentaires non-contradictoires, des situations intermédiaires permettent à chaque conscience élémentaire de dominer sa conscience antagoniste. La conscience de conscience qui se résolvait en un sentiment d’être devient alors la conscience d’une conscience particulière. Le donateur voit la perception élémentaire conjointe à l’acte du don et qui est le contraire de cet acte, c’est-à-dire ici dans l’acte du don l’image d’une acquisition, émerger du sentiment d’être comme une limite, un horizon à ce sentiment. Dès lors, le donateur a la conscience d’accroître son être. Cette acquisition est le prestige qui resplendit d’autant plus que c’est l’être lui-même qui se diffuse dans l’image d’acquérir.

Chaque fois que la relation de réciprocité est polarisée par la domination de l’un des deux termes conjoints par le réciproque sur l’autre, le sentiment – que Mauss appelait mana – diminue en laissant apparaître le reflet de l’un des termes mis en jeu. Une part du mana se transforme donc en cet horizon qui naît dès lors qu’une initiative vient orienter la relation de réciprocité. Le sens  (lire la définition) diffère de l’être parce qu’il est de l’être donné à une image objective qui correspond à un déséquilibre du contradictoire.

La parole a du sens pour autrui autant que pour soi parce qu’elle désigne ce qui participe à l’être dans le réciproque : donner et recevoir, tuer et être tué... etc. [6]. Néanmoins, le sentiment d’être, dès le moment où il se représente par quelque chose, doit concilier l’être auquel il se réfère et l’action ou la chose par laquelle il se représente et qui, pour être de l’ordre de la nature, est caractérisée comme non-contradictoire. Ce passage du contradictoire au signifiant non-contradictoire est lui-même l’occasion d’une alternative car le contradictoire peut se traduire par l’un ou l’autre des deux pôles non-contradictoires dont il est le foyer : soit être unifié, focalisé sur l’unité, soit être divisé, partagé entre deux pôles.

Deux processus logiques vont ainsi être engagés dans la manifestation de la Parole et conduisent l’un à un terme unique qui rendra compte de ce qui naît dans la réciprocité, l’autre à deux opposés qui se différencient l’un l’autre mais qui ensemble signifient également ce qui naît dans la réciprocité : union et opposition. L’union ploie dans son expression non-contradictoire le contradictoire, c’est la Parole que nous appellerons Parole d’union. Ou bien l’opposition déploie le contradictoire dans le non-contradictoire inverse, celui de la différence, c’est le Principe d’opposition, reconnu par Lévi-Strauss.

Il y a deux manifestations de l’être dans la direction de l’un ou de l’autre des deux pôles de la relation dont il est lui-même le cœur : l’identité et la différenciation, l’hétérogène et l’homogène, l’un et le double... La Parole d’union s’exprime par un seul terme (le Milieu, le Centre, l’Axe, le Mélange, le Gris, le Cœur...). La Parole d’opposition s’exprime par l’actualisation de la différenciation qui se traduit par une opposition relative de deux termes (le Bas et le Haut, l’Est et l’Ouest, l’Amont et l’Aval, l’Ombre et la Lumière...). Aristote nommait cette opposition de différenciation, l’opposition corrélative.

Le langage est d’abord l’exploration des possibilités offertes par le développement de ces deux Paroles. L’objet de notre étude est le devenir de ces deux Paroles.

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Notes

[1] MAUSS, Marcel. “Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques”. L’Année sociologique (1923-24), seconde série, t. 1 ; réédition Sociologie et Anthropologie, Paris, PUF (1950), 1991.

[2] LÉVI-STRAUSS, Claude. Les structures élémentaires de la parenté. Paris, PUF, 1949 ; nouv. éd. revue, La Haye-Paris, Mouton, 1967, p. 80.

[3] LÉVI-STRAUSS, C. Anthropologie structurale. Paris, PLon, 1958 ; réed. 1974, tome I, p. 56.

[4] LÉVI-STRAUSS, C. Ibid., pp. 59-60.

[5] Nous respectons l’acception générale que notre société donne de l’échange : “on échange une chose pour une autre”. L’échange implique un avoir, il implique aussi un intérêt pour un autre avoir, il réalise la substitution d’un avoir par un autre.

[6] C’est parce qu’il naît dans la réciprocité que le terme originel paraît à l’observateur avoir d’abord deux sens alors qu’il n’en a qu’un pour chacun de ceux qui participent à la relation elle-même.


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