Ce texte se réfère principalement
aux notions suivantes

Glossaire


Haut de page

Répondre à cet article

janvier 2019

L’économie humaine

Dominique Temple

  
  
Collection « Réciprocité », n° 13, 2018

1. L’ÉCONOMIE HUMAINE

L’origine de l’économie

La Genèse nous dit que le premier souci des hommes est de nommer toutes choses ; mais cette immédiate appréhension du monde butte sur une énigme : l’homme ! Comment se nomme-t-il, comment se reconnaît-il ? Il lui faut abandonner la simple relation de connaissance du sujet et de l’objet. Le texte le plus célèbre de l’humanité en appelle à une nuit si profonde que toute représentation, fût-elle celle du rêve, s’efface. Et c’est de façon très étrange que l’homme découvre sa conscience : il la doit à l’autre dans une relation intersubjective : le mythe de la Genèse nous dit que l’homme reçoit l’aide de la femme, qui est à la fois identique à l’homme puisque issue de son “côté” et pourtant irréductiblement différente.

Le Philosophe ne dit pas autre chose et avec la même force : si l’homme connaissait tout d’une façon absolue, il serait Zeus ou bien encore, s’il était ignorant qu’il puisse être autre que ce qu’il est, il ne serait qu’une brute. Ce qui le définit est d’avoir besoin d’autrui pour se penser lui-même. C’est ensemble que l’on pense, dit Aristote. C’est par le fait que nous avons besoin d’autrui que nous pouvons créer ce qui se donne comme le propre de l’homme : l’esprit. Nous ne nous intéresserons qu’à cette proposition : ce que l’homme est pour la femme et la femme pour l’homme –la réciprocité. La rencontre de l’autre est primordiale. L’anthropologie, la psychanalyse des temps modernes sont venues confirmer que c’est bien l’autre qui est recherché dans toutes les communautés humaines pour dépasser l’identité qui emprisonne le soi. Pour dire que la réciprocité est la matrice de la conscience, toutes les sociétés ont établi comme leur principe fondateur la prohibition du Même, la prohibition de l’inceste.

On pourrait imaginer que cette structure initiale est simple. Lévi-Strauss par exemple s’est tour à tour demandé si elle ne pouvait pas se ramener à un face-à-face (l’alliance matrimoniale) puis doutant de cette solution s’est rallié à l’idée d’une communion originelle où tout un chacun portant sa contribution à tous les autres pourrait ensuite en recevoir ce qui lui convient. Mais, en réalité, la réciprocité est dans toutes les sociétés un système complexe, et notamment elle se produit selon une autre modalité que le face-à-face que l’on dit binaire et qui produit entre les partenaires le sentiment d’amitié ou d’amour. Cette autre modalité, on la dit ternaire parce qu’il faut au minimum trois protagonistes pour la constituer : par exemple la relation entre les générations puisque chaque génération reproduit vis-à-vis de la nouvelle ce qu’elle hérite de la précédente.

Comme la réciprocité binaire, la réciprocité ternaire établit en chaque partenaire la conjonction de la conscience d’agir et celle de subir, de recevoir et de donner d’où résulte le sens de l’action, mais qui ne trouve pas, comme dans le face-à-face, le visage de l’autre pour en témoigner (le visage de l’ami). Par contre, cette réciprocité ternaire fonde l’individuation du sujet car il est de la dignité de chacun de respecter tout autre comme membre de la réciprocité généralisée à laquelle il doit son humanité.

Le sentiment qui répond pour autrui de sa contribution à la réciprocité ternaire est le sentiment de responsabilité. Les générations, par exemple, se succèdent responsables les unes des autres. Et comme il existe de nombreux enfants au sein de chaque famille, la réciprocité se transforme souvent en partage ou en redistribution. Le caractère collectif du partage ou de la redistribution semble même ennoyer la complexité du système initial. On a donc pu s’imaginer que la redistribution était à l’origine de l’économie primitive (le communisme primitif) et que l’homme, disposant de la richesse de la nature gratuitement, l’offrait à autrui spontanément.

Quoi qu’il en soit, grâce à la réciprocité, la conscience se nomme de façon souveraine entre tous puisque n’appartenant à personne en particulier. Elle se présente ainsi comme un Tiers entre les uns et les autres, auquel chaque communauté a donné un nom. Le Tiers est le sujet de la Parole commune. Son expression est la Loi. Mais dans la réciprocité ternaire, le Tiers est individué et pour cela se métamorphose en la responsabilité de chacun. Ainsi, la conscience créée au sein de la réciprocité complexe apparaît composée de sentiments différents qui naissent de structures élémentaires de réciprocité différentes [1].

Quel rapport ces fondements ont-ils avec l’économie ? Ceci que l’autre n’est pas un pur esprit, et que pour être l’autre encore faut-il qu’il puisse exister. Il doit vivre pour donner à l’esprit entre l’un et l’autre son envol. Il est la source de l’esprit, mais sa vie doit être prise en compte a priori parce qu’il n’est pas possible de dissocier la conscience des conditions matérielles qui lui assurent sa naissance. L’économie commence là. Et elle s’inscrit immédiatement dans la réciprocité de parenté. Les premières sociétés ne se sont pas toujours demandé si leurs structures sociales fondamentales devaient ou non respecter les normes de leurs systèmes de relation, car il suffit que la conscience invente son propre mode d’être dans la maîtrise des lois qui lui permettent de dominer le monde pour assurer ses conditions d’existence. Aussitôt l’homme produit sa subsistance et s’approprie la nature nécessaire à cette production. Apparaissent alors les concepts de propriété et d’échange, originellement ordonnés au principe de réciprocité.

L’économie moderne se construit-elle de façon homothétique à partir de son système de base ou à partir de nouveaux principes ? La cité reproduit-elle en grand format la structure de parenté comme une “maison commune” qui permettrait à l’humanité de se concevoir universelle ou bien les relations de la communauté originelle ont-elles périclité et laissé la place à de nouvelles relations ? Comment naît la valeur dans les communautés de réciprocité au seuil de l’économie domestique et de l’économie politique, et quelle est l’efficience du principe de réciprocité dans les sociétés modernes ? C’est l’objet de cette analyse de l’économie politique.

Tant que les hommes respectent le principe de réciprocité, les relations économiques se construisent en fonction des valeurs de solidarité, de responsabilité et de justice produites par les différentes structures de réciprocité, mais lorsque la liberté des uns s’impose à la liberté des autres, c’est alors en pouvoir que la liberté se transforme, et la valeur produite ne reflète plus que la domination des uns sur les autres. Or, les hommes ont la liberté de préférer leur intérêt à leur sentiment commun de l’humanité. Dès lors, ils peuvent privatiser par la force la propriété de la terre et des autres moyens de production, y compris la puissance de travail des plus démunis qu’ils échangent au plus bas prix.

Aujourd’hui, le capitalisme a réussi à s’imposer sur la planète et conduit l’humanité à l’abîme. Tout le monde le sait. Et l’espérance de tous les hommes de bonne volonté est de mettre fin au système de l’exploitation de l’homme.

La valeur de la réciprocité

Nombre d’expériences actuelles (économie solidaire, plurielle, autonome, non-monétaire, parallèle, souterraine, communautaire, alternative, etc.) rencontrent une même difficulté, le plus souvent exprimée par l’opposition entre les relations économiques créditées de créer du lien socialet celles accusées de méconnaître ou détruire ce lien. Cependant, le terme de lien social est vague. Il joue pour les sociologues le rôle que joue le mana pour les ethnologues, le rôle d’un “signifiant flottant” (l’expression est de Lévi-Strauss [2]) capable de supporter des imaginaires fort différents. Il faut demander aux chercheurs qui s’intéressent au lien social de préciser ce qu’ils appellent “lien”. Mauss le définissait d’un mot magique, le mana. Lévi-Strauss lui répondit que le mana était un signifiant “vide”.

Lévi-Strauss prétend que les communautés à l’origine de la société ne sauraient pas reconnaître “l’échange” comme la raison de leurs prestations réciproques. Elles invoqueraient le mana pour signifier le caractère contraignant de ces prestations, que Mauss a décrites comme les obligations de donner, de recevoir et de rendre. Oui mais…, si Lévi-Strauss a sans doute raison de contester l’élaboration d’une théorie de l’échange à partir d’un ciment affectif, le mana, ce n’est peut-être pas l’échange qui est en question lorsqu’interviennent les obligations dont Mauss ramène le caractère contraignant à l’affectivité qui les “ennoie”. Et si Mauss lui-même recourt à l’échange pour comprendre les prestations d’origine comme des relations symboliques, ce n’est peut-être qu’à défaut d’une théorie plus adéquate ; et l’on peut comprendre sa proposition des obligations non comme une impuissance à imaginer l’échange mais comme l’intuition qu’il faut abandonner cette tentation et construire un concept nouveau. Le mana n’est pas un ciment affectif pour bricoler un simulacre d’échange, il est le produit de la relation que révèlent les fameuses obligations. Celles-ci ne sont pas réductibles à l’échange !

L’échange est motivé par l’intérêt que l’on porte aux choses pour elles-mêmes. Il est inféodé à leur possession sinon à leur accumulation. Autre est le don réciproque dans lequel l’acte demeure prioritaire sur la chose. Le don réciproque ne s’enferme pas dans la satisfaction d’un intérêt privé, fût-il supérieur, et ne se borne pas à un imaginaire particulier mais s’ouvre sur un sentiment, un état de grâce, qui lorsqu’il a un visage se nomme l’amitié (la philia).

Mais l’échange est parfois dit réciproque parce qu’il satisfait l’intérêt de chaque partenaire. En quoi diffère-t-il donc de la réciprocité ? La réciprocité implique la sollicitude, ou comme le dit Aristote la bienveillance, le souci pour l’autre, et cela afin d’établir du mana, c’est-à-dire des valeurs affectives telles que la paix, la confiance, l’amitié, la compréhension mutuelle… selon la définition de la structure sociale qui répond au principe de réciprocité. L’échange immédiat (le troc) utilise cependant ces premières valeurs humaines pour faire l’économie de la violence. Il est une relation d’intérêts qui suppose une réciprocité minimale nécessaire pour produire les valeurs indispensables à une communication pacifique. La raison conseille en effet d’établir la compétition des intérêts sur la confiance, la paix et la compréhension mutuelle produites par la réciprocité. On comprend dès lors que l’on puisse confondre cet échange avec une forme de réciprocité. Mais, en réalité, l’échange renverse le mouvement de la réciprocité car au lieu de viser le bien d’autrui, il cherche la satisfaction de l’intérêt propre. Il est spécifiquement ce renversement, cette transformation de la réciprocité en son contraire. C’est pourquoi les hommes ont d’abord rejeté l’échange hors les murs de la cité…

L’échange ne nie pas la valeur, il la soumet au désir de chacun comme un bien déjà constitué. Lévi-Strauss lui-même le reconnaît car lorsqu’il tente de postuler l’échange à l’origine de la société, il suppose que l’échange porte sur des valeurs qui ont été constituées a priori –y compris les femmes qu’il considère comme des valeurs échangées entre les hommes et non pas comme participant à la relation intersubjective de la réciprocité d’alliance et à ce titre productrices de la valeur dont elles peuvent seulement ensuite devenir les symboles–, mais il n’explique pas comment ces valeurs ont pu être constituées.

Le Quiproquo Historique

Si l’on confond les deux prestations et que l’un donne pour créer de l’amitié ou pour établir son autorité de prestige en croyant que l’autre est aussi un donateur, tandis que cet autre ne donne pas et ne reconnaît pas l’autorité de prestige mais qu’il prend autant qu’il peut et rend le moins possible parce qu’il interprète toute prestation comme un échange, nécessairement le quiproquo a pour effet que les deux prestataires transfèrent les biens matériels au bénéfice de l’un sans retour pour l’autre. L’occidental est le bénéficiaire de ce quiproquo, illustré de façon historique dans les récits de la conquête du Nouveau Monde [3]. Et il scelle aussitôt l’accumulation dont il bénéficie par la privatisation de la propriété. La propriété privée lui confère alors une position de force vis-à-vis de celui qui, s’apercevant du quiproquo, se rebelle.

Les empires de réciprocité ou de redistribution (Inca, Aztèque, Khmer…) ont disparu mais le quiproquo continue d’être “efficace” au niveau de leurs communautés de base. Lorsqu’il est dévoilé, il est souvent trop tard : les communautés de réciprocité sont contraintes d’adopter le libre-échange qui domine toutes les relations internationales.

Pour s’insérer dans l’ordre mondial et bénéficier des connaissances ou des richesses de l’humanité, il faut produire pour le marché capitaliste. Toutes les sociétés sont ainsi forcées de se plier au libre-échange. Elles détruisent parfois d’elles-mêmes les dernières relations génératrices de leurs valeurs et de leurs cultures pour leur substituer des structures de production pour l’échange. Chacun se définit un territoire où domine l’échange marchand et un territoire réservé à la réciprocité, une socialité secondaire et une socialité primaire [4]. Dans l’un dominent le libre-échange, la spéculation, le profit, la privatisation de la propriété et l’accumulation de valeur d’échange ; dans l’autre, la propriété commune ou privative, la redistribution, l’économie sociale et les différentes valeurs humaines.

Dans le système capitaliste, les hommes désirent la richesse, essentiellement l’argent qui permet de faire face aux nécessités ou encore d’exercer un pouvoir, mais beaucoup de ces richesses sont encore acquises pour le prestige. Une consommation importante est pure dépense qui relève d’un besoin de reconnaissance sociale impliquant un statut de donateur. Le même phénomène apparaît chez les travailleurs exploités pour qui la plus-value aliénée est inconsciemment assimilée à un tribut, comme si payer une dette imaginaire leur permettait d’être reconnus socialement (d’où la survalorisation du travail salarié comme facteur d’intégration sociale). Cette illusion leur paraît préférable à la prise de conscience que le travail n’a pour le système capitaliste qu’une valeur marchande. La souffrance de la perte du lien social n’est finalement avouée que lorsque sonne l’heure des comptes et dissipe leur illusion.

Alors que dans le monde occidental le développement du libre-échange a une longue histoire marquée de compromis et de compensations, dans les autres parties du monde, son avènement est brutal et produit le chaos dans les structures de production organisées selon des valeurs de référence traditionnelles. Car si les deux systèmes économiques peuvent coexister chacun dans son champ d’action propre, ils ne sont pas conciliables au sein d’une même territorialité. Nous observerons seulement que dans les sociétés où triomphe l’échange, les hommes souffrent de la réduction de la réciprocité et de la disparition des valeurs que celle-ci leur assurait.

Les deux économies : d’échange et de réciprocité

Envisager l’articulation de la réciprocité sur l’échange ou celle de l’échange sur la réciprocité suppose de reconnaître ce qui est le propre de chacun et de préciser l’interface des deux systèmes. Hors de cette distinction, les perspectives les plus généreuses tournent court et la confusion conduit au chaos. Il faut dépasser le postulat qui fonde la pensée unique selon laquelle il n’existerait qu’une seule économie. L’accumulation des biens et des moyens de production est toujours source de pouvoir, mais produire pour donner est un autre moteur que celui de produire pour accumuler.

Il est vrai que la dimension économique du don n’apparaît pas immédiatement. Il s’agit d’abord d’instaurer la réciprocité –do ut des (je donne pour que tu donnes– parce que la réciprocité généralisée [5] produit l’amitié, la responsabilité et la justice. La dimension économique de cette invitation ne s’aperçoit qu’en second lieu : l’amitié, la justice, la responsabilité exigent en effet pour leur propre naissance les meilleures conditions d’existence pour autrui comme pour soi-même, et par conséquent une économie que nous qualifierons d’humaine pour l’opposer à l’économie naturelle des théoriciens de l’économie libérale. La Raison étant dite “naturelle” pour l’homme, ils nomment l’économie de libre-échange “naturelle” parce que rationnelle, mais ils réduisent la Raison à sa puissance instrumentale lorsqu’ils l’inféodent à l’intérêt. Pour éviter cette trahison de la Raison, il est nécessaire de considérer que l’homme est mû vis-à-vis d’autrui non par un calcul qui révèlerait seulement son intérêt mais par un sens de la justice et de la responsabilité pour autrui dont il attend la même considération. Mais d’où vient cette sagesse ?

Les hommes sont à la recherche de relations qui leur permettraient de devenir amis, justes et responsables. Ils les ont découvertes de façon empirique et les vivent dans le respect de leur culture, de leur tradition, pour la joie qu’elles leur donnent… mais sans se préoccuper d’une théorie rationnelle ou philosophique qui s’efforcerait d’expliquer leur genèse. Ils cueillent les fruits de l’arbre sans s’inquiéter des racines de l’arbre. Bon nombre d’intellectuels qui devraient se faire l’écho de leur peuple n’ont pas encore su reconnaître les structures sociales qui leur permettraient de construire à volonté les valeurs de justice, de liberté, de responsabilité à partir desquelles il leur serait possible de créer l’abondance pour tous en même temps que les œuvres de l’esprit.

Les matrices des valeurs humaines

L’expérience est-elle seule habilitée à justifier le primat d’un Bien commun révélé auquel devraient être ordonnées les relations sociales ? Le libéralisme, revu et corrigé par les principes de justice de John Rawls [6], souhaite que l’on fasse l’économie de la définition a priori de la “Vie bonne” afin d’éviter les affrontements auxquels conduisent des idéaux différents. Pourtant déjà la philosophie d’Aristote portait davantage sur les conditions du “Souverain bien” que sur sa définition. Il précisait ces conditions comme un rapport de réciprocité équilibrée –l’isotès– autour du “juste milieu” entre les contraires : la mesotès. Nulle définition du Souverain bien, ici.

Aristote constate cependant que le produit idéal de la réciprocité est la philia (l’amitié) qui fait resplendir le visage d’autrui… Mais si l’on hypostasie l’amitié, les divinités se disputent le ciel et la terre : chacune donne sa version du bien… Il ne s’agit donc pas de faire appel à des valeurs transcendantales ni de fonder l’économie ou le politique sur l’éthique définie dans un imaginaire ou l’autre, ni de suggérer un ordre de prééminence entre les valeurs humaines. Il s’agit d’avoir le choix d’engendrer ces biens, la responsabilité, la justice, l’amitié… par la reconnaissance des différentes structures sociales qui les produisent. Notre attention doit se porter sur les matrices de ces valeurs.

Tout imaginaire doit donc être récusé au bénéfice des structures génératrices des valeurs humaines. De la même façon que l’on reconnaît à l’échange d’instaurer la valeur d’échange et que l’on s’inquiète de ce qu’il ne soit pas capable de produire ni la justice ni l’amitié, ou que l’on s’interroge de savoir à quelles conditions minimales il devrait souscrire pour éviter de conduire au pire, de la même façon nous devons reconnaître aux diverses structures de réciprocité les valeurs éthiques dont elles sont les matrices, et nous interroger sur les conditions minimales à respecter pour que chacun puisse y participer.

*

Lire la suite :

  

Lire :

*

Haut de page

Répondre à cet article


Notes

[1] Dominique Temple et Mireille Chabal, La réciprocité et la naissance des valeurs humaines, Paris, L’Harmattan, 1995.

[2] Claude Lévi-Strauss, « Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss », dans : Mauss, Sociologie et Anthropologie, (1950).

[3] D. Temple, Le Quiproquo Historique, Golias « 1492-1992 : De la conquête de l’Amérique à la controverse de Saint-Domingue », n° 31, Bruxelles, 1992, pp. 139-163. Édition en espagnol : El Quid-pro-quo Histórico, La Paz, Aruwiyiri, 1997 ; 2de édition Teoría de la Reciprocidad, La Paz, Padep-gtz, 2003.

[4] Cf. Alain Caillé, Critique de la raison utilitaire. Manifeste du M.A.U.S.S., Paris, La Découverte, 1989.

[5] Chaque partenaire d’une relation de réciprocité ternaire peut avoir plusieurs partenaires différents de sorte que se constitue un réseau de réciprocité dans lequel chacun est le tiers intermédiaire entre deux autres mais aussi l’incarnation du grand Tiers entre tous les autres, c’est-à-dire le siège des sentiments de liberté, de responsabilité et de justice.

[6] John Rawls, A Theory of Justice (1971).


Répondre à cet article