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Dominique TEMPLE

1. Le Principe d’antagonisme de Stéphane Lupasco

1998


La Physique quantique a révélé que la matière et l’énergie, dont la Physique classique donnait une définition non-contradictoire, procédaient l’une et l’autre d’une nature en elle-même contradictoire.

La notion du contradictoire est apparue en effet avec la découverte du quantum de Planck pour la première fois dans l’étude de la lumière et lorsqu’il fallut expliquer qu’elle pouvait se manifester comme la vibration d’un milieu homogène et comme un faisceau de particules élémentaires. Bohr exprima l’embarras de la physique par l’illustration suivante :

« Lorsqu’un miroir semi-argenté est placé sur le chemin d’un photon lui offrant deux directions possibles de propagation, le photon peut être enregistré sur l’une et l’une seulement des deux plaques photographiques placées à grande distance dans les deux directions, mais nous pouvons aussi, en remplaçant les plaques photographiques par des miroirs, observer les effets qui mettent en évidence les interférences entre les deux trains d’onde réfléchis » [1].

Que l’événement d’origine soit capable de contenir en lui-même les potentialités de ces contraires – continu et discontinu – mis en évidence dans l’illustration de Bohr, l’un par les impacts sur la plaque photographique, l’autre par les interférences, alors que la logique exclut de toute connaissance l’idée même de contradictoire, voilà qui posait un problème totalement imprévu aux physiciens.

« Personnellement, commente Bohr, je pense qu’il n’y a qu’une solution : admettre que dans ce domaine de l’expérience, nous avons affaire à des phénomènes individuels et que notre usage des instruments de mesure nous laisse seulement la possibilité de faire un choix entre les différents types de phénomènes complémentaires que nous voulons étudier ».

Bohr ajoute :

« Il importe de façon décisive de reconnaître que d’aussi loin que les phénomènes puissent transcender la portée des explications de la physique classique, la description de tous les résultats d’expérience doit être exprimée en termes classiques » [2].

Selon ces termes classiques, les phénomènes complémentaires ne peuvent être qu’indépendants l’un de l’autre, ce qui ne permet pas d’espérer une connaissance immédiate et totale de l’événement dont ils proviennent. La difficulté sera donc contournée grâce au principe de complémentarité  (lire la définition) , c’est-à-dire grâce à l’usage de perspectives chacune non-contradictoire en elle-même, exclusive l’une de l’autre, et qui seront considérées comme complémentaires entre elles.

Certains théoriciens du formalisme quantique ont proposé d’accorder le nom de complémentaire aux solutions intermédiaires entre les mesures d’un événement donné, c’est-à-dire aux différents degrés d’actualisation de chaque phénomène observé. Ces différents degrés d’actualisation sont appelés par Weizsäcker « états coexistants » [3]. Weizsäcker différencie ces états coexistants par ce qu’il appelle leur degré de vérité, c’est-à-dire leur degré de non-contradiction puisque selon la logique classique le critère de vérité est la non-contradiction. Le formalisme quantique permet ainsi de relier à notre logique du tiers exclu, que nous utilisons quotidiennement pour définir les phénomènes observés, la logique du tiers inclus qui doit être reconnue aux événements sur lesquels portent l’observation.

Au Congrès d’Anthropologie et d’Ethnographie de Copenhague de 1938, Bohr fit remarquer que dans l’étude des communautés et des sociétés humaines, l’observateur ne saisit de ce qu’il veut étudier qu’une réponse provoquée par son observation. Bohr proposa donc aux chercheurs en sciences humaines d’avoir aussi recours au principe de complémentarité [4]. Mais à cette époque (1935) un autre principe permettait déjà de relier le contradictoire et le non-contradictoire : le Principe d’antagonisme  (lire la définition) de Stéphane Lupasco [5].

Le principe d’antagonisme de Lupasco conjoint l’actualisation d’un phénomène à la potentialisation de son contraire. La potentialisation est définie comme une conscience élémentaire (« co-science », dira Marc Beigbeder [6] car il ne s’agit que de conscience sans conscience d’elle-même et non pas de ce que nous appelons conscience quand nous parlons de la conscience humaine). Pour imager cette thèse, nous dirons que l’onde actualisée est conjointe à une structure corpusculaire potentialisée, que la structure corpusculaire actualisée est conjointe à une onde potentialisée, et que chacune de ces potentialisations est une conscience élémentaire. À leur tour, ces actualisations-potentialisations peuvent s’actualiser (actualisation donc de second degré). Si cette actualisation est de même signe que la première – et ainsi de suite – la série des actualisations s’appellera une orthodialectique  (lire la définition)  ; si elle est de signe inverse, l’on parlera de paradialectique  (lire la définition) .

L’orthodialectique de l’homogénéisation est celle de l’énergie selon la définition de la physique classique dont l’image est la lumière. L’orthodialectique de l’hétérogénéisation, que l’on qualifie aujourd’hui de néguentropie, est celle de la vie, de l’organisation de la matière, atome, molécule, code génétique. L’hétérogénéisation a pour synonyme la différenciation, terme qui met peut-être mieux en valeur le fait que ce phénomène se constitue initialement d’une opposition entre deux pôles, chacun apparaissant comme particule corrélée à son opposée. Il n’existe donc pas d’éléments matériels isolés de façon absolue mais des couples ou dyades d’éléments corrélés (matière et antimatière). Chaque phénomène de différenciation étant lui-même corrélé à son opposé, la différenciation devient l’organisation ou la complexification.

Chacune des deux orthodialectiques tend vers un idéal de non-contradiction. L’une, illustrée par le principe de Pauli [7], engendre une organisation toujours plus complexe, la matière vivante ; l’autre, dont rend compte le principe d’entropie de Carnot-Clausius, conduit à ce que l’on a appelé « la mort de l’univers ». Pour Bohr, les phénomènes sont des manifestations d’une réalité dont la conscience peut seulement avoir une traduction grâce à deux lectures partielles complémentaires. Mais ces deux lectures ne sont pas comme les deux faces d’une médaille. Le phénomène mesuré est à chaque fois tout l’événement. Ou la réalité se manifeste comme onde ou bien elle se manifeste comme corpuscule. Pour Lupasco, la réalité actualisée est conjointe à une potentialisation, une conscience élémentaire, dont procèdera la conscience de conscience (la conscience humaine) et celle-ci ne sera donc pas arbitraire.

Selon Heisenberg :

« Chaque état contient jusqu’à un certain point les autres états co-existants… D’autre part, si l’on considère le mot “état” comme décrivant une potentialité quelconque plutôt qu’une réalité, l’on pourrait même simplement remplacer le terme “état” par le terme “potentialité”. Alors le concept de potentialité co-existante est tout à fait raisonnable puisqu’une potentialité peut comporter tout ou partie d’autres potentialités » [8].

La notion de potentialité est utilisée par Heisenberg dans le sens que lui donnait Aristote qui définissait la Matière comme une entité indifférenciée contenant en puissance les contraires tels que l’engendrement et la corruption, la vie et la mort, l’ordre et le désordre. Le moment est venu d’introduire un terme nouveau pour cet état particulier de potentialités co-existantes symétriques. Il s’agit de l’état T de Lupasco [9] qui signifie ce qui est « en soi » contradictoire. Ce tiers est le contradictoire que la logique de non-contradiction exclut et que Lupasco appelle le tiers inclus  (lire la définition) . Cet état T correspond à cette situation particulière où les deux polarités antagonistes d’un événement sont d’intensité égale et s’annulent réciproquement pour donner naissance à une troisième puissance en elle-même contradictoire. Un tel état en soi contradictoire peut être énoncé sous une forme négative, par exemple : ni onde ni corpuscule. Mais comment en parler de façon positive ?

On pourrait dire que le tiers inclus est une demi-actualisation de dynamismes antagonistes et à la fois une demi-potentialisation de ces mêmes dynamismes antagonistes. Mais l’on ne saisit pas pour autant son originalité en tant que troisième dynamique entre l’énergie et la matière. Que se passe-t-il, en effet, lorsque les deux actualisations-potentialisations antagonistes sont d’intensité égale dans un équilibre symétrique ; lorsque donc elles s’annulent l’une l’autre rigoureusement ? Le principe de complémentarité de Bohr est alors inutilisable : de tels états sont inconnaissables puisque l’on ne peut en avoir aucune image, aucune idée ! Certes, nous pouvons imaginer pour cet état intermédiaire entre des actualisations-potentialisations antagonistes un espace d’un type nouveau, mais cet espace, parce qu’il est contradictoire, est sans limites et totalement vide. Personne ne peut rien en dire. Ce vide caractérise les états coexistants de degré de vérité zéro. Puisqu’il n’est pas possible de parler de ce dont on ne peut faire une mesure, le physicien doit se taire devant l’inconnu.

C’est à présent que la proposition de Lupasco de considérer les potentialisations comme des « consciences élémentaires » devient féconde car une conscience élémentaire qui se relativise par sa conscience élémentaire antagoniste cesse d’être une conscience aveugle d’elle-même, elle acquiert une lumière sur elle-même à partir de la conscience qui lui fait face, laquelle acquiert cette même lumière sur elle-même (lumière que l’on peut donc décrire comme une lumière de lumière) une conscience de conscience, une illumination d’elle-même. Mais, dès lors, c’est bien de la conscience proprement dite dont il peut être question, de la conscience de conscience telle que nous la connaissons par notre propre expérience humaine et que nous appellerons la révélation.

Si l’on envisage cet état T du point de vue de l’actualisation – relativisée par l’actualisation antagoniste – toute réalité cesse que ce soit celle de la matière ou de l’énergie, mais l’état intermédiaire, actualisation relativisée par son actualisation antagoniste, ne cesse pas d’être bien réelle au point qu’elle pourrait être définie du nom de matière-énergie primordiale. Le principe d’antagonisme conduit ainsi à la reconnaissance d’une entité sans matière ni énergie aussi réelle que la réalité, une matière-énergie qui est à la fois une conscience de conscience. Lupasco l’appelle : l’énergie psychique.

Il apparaît donc entre actualisations-potentialisations antagonistes une troisième polarité qui est celle du contradictoire lui-même et qui peut à son tour se déployer comme orthodialectique [10]. Son avènement peut être dit un phénomène d’auto-conscience qui ne connaît pas autre chose que ce avec quoi il est en interaction, c’est-à-dire lui-même. L’énergie psychique a bien une spécificité comme conscience de soi, révélation transparente d’elle-même, dénuée de toute connaissance autre que la sensation de sa liberté propre, mais cette dynamique n’en est pas moins reliée aux pôles du contradictoire par tous les degrés de vérité de Weizsäcker, de sorte que entre la conscience de soi et les consciences élémentaires peuvent apparaître toutes les consciences de consciences que nous appellerons : consciences objectives  (lire la définition)  [11].

Lupasco souligne une analogie de structure entre les états coexistants de la physique quantique et la conscience humaine. S’il n’est pas possible de connaître les états coexistants de degré de vérité zéro, il n’est pas impossible qu’ils ne se connaissent eux-mêmes, qu’ils ne soient consciences de consciences. Lupasco s’est intéressé au système vivant puis au système psychique et constate immédiatement que le système vivant respecte le principe d’antagonisme polarisé par la différenciation [12], le système psychique, le principe d’antagonisme polarisé par le contradictoire [13].

Les neurosciences cependant confirment le caractère contradictoire du système psychique et celui-ci se construit comme l’interface entre le système biologique et le monde physique. Le système psychique résulte de la confrontation d’informations antagonistes. Il se construit par complexification d’antagonismes. La neurologie découvre même différentes phases de l’apparition du tiers inclus : lorsque les cellules nerveuses oscillant entre vie et mort fabriquent un équilibre sans perturbations extérieures, elles participent à l’élaboration de pré-concepts (qui ne sont pas sans rappeler les potentialités co-existantes de Heisenberg). Ces pré-concepts sont en effet neutres, indéterminés, mais lorsque les complexes de neurones mobilisés dans l’élaboration des pré-concepts interagissent avec le milieu physique ou biologique, les pré-concepts sont orientés sur une conscience objective (comme les événements quantiques sont phénoménalisés par leur interaction avec les instruments de mesure). Le champ du pré-concept se borde de la conscience élémentaire antagoniste de l’actualisation biologique provoquée par l’action du milieu. Cette conscience élémentaire correspond à l’action physique du milieu. Les potentialisations naissant à l’horizon du pré-concept vont devenir d’autant plus non-contradictoires que les actualisations auxquelles ces potentialisations sont conjointes seront davantage non-contradictoires. La réalité du monde est donc connue d’une manière non arbitraire [14]. Des actualisations despotiques provoquent des réactions de plus en plus unilatérales, les réflexes, et les consciences de consciences sont remplacées par des consciences élémentaires comme celles de l’instinct ou de l’habitude.

Mais au cœur des consciences de consciences dans l’état T, quand ne domine ni l’une ni l’autre des forces antagonistes qui s’affrontent, rien ne peut apparaître au bord de la conscience de conscience et aucune conscience ne peut être définie. Le concept se réduit à un état coexistant, complexe, certes, mais aussi indéterminé que le vide quantique des physiciens. Nous n’en saurions rien si l’épreuve par elle-même de la conscience ne se traduisait par l’affectivité. Or, nouveau paradoxe qui a dérouté la réflexion sur le contradictoire, l’affectivité se traduit comme un en-soi absolu [15].

Si, pour le physicien, les états coexistants de degré de vérité zéro sont inconnaissables, ces états se révèlent à eux-mêmes dans l’énergie psychique comme l’affectivité pure [16]. Le sentiment de soi comme existence en résulte. De façon plus élaborée, la conscience de ce sentiment comme sentiment de la conscience en résulte également. L’expérience introspective du doute systématique est en effet le siège d’une certitude ontologique qui se déploie avec d’autant plus de force que le doute se radicalise.

Le principe d’antagonisme propose ainsi une solution originale à la question des relations de l’esprit avec la matière et l’énergie. L’énergie psychique est de même nature fondamentale que tout autre phénomène mais elle tend vers le contradictoire tandis que matière et énergie tendent vers le non-contradictoire. Les manifestations de la matière-énergie psychique sont dès lors irréductibles à celles de la matière et de l’énergie, ce que traduit la contradiction chère aux idéalistes de l’esprit et de la nature, et pourtant elles leur sont apparentées, ce qu’avait saisi intuitivement le matérialisme. La théorie de Lupasco réduit la distance entre la science et l’éthique. Il n’y a pas de hiatus entre l’esprit scientifique et l’esprit mystique mais seulement une orientation différente.

Le contradictoire peut lui aussi s’actualiser (actualisation de deuxième degré) et être potentialisé par une actualisation antagoniste ou encore se manifester de façon contradictoire. Nous connaissons bien cette dernière manifestation : la Parole.

Dans l’expression de la conscience par un signifiant, on peut distinguer deux dynamiques opposées : l’une converge vers l’unité, nous l’appellerons principe ou Parole d’union  (lire la définition) , l’autre va en sens inverse et se manifeste par la différenciation : nous l’appellerons principe ou Parole d’opposition  (lire la définition) . Si l’état T demeure en lui-même, il est happé par cette identité qui est une homogénéisation de deuxième degré. S’il s’actualise par différenciation, il sera happé par une telle différenciation. La Parole, ici, ne signifierait que pour soi : elle deviendrait aussitôt un signal de ce qui met en péril l’existence du sujet. Comment le contradictoire peut-il échapper soit à son homogénéisation définitive, soit à son hétérogénéisation définitive ? Il faudrait qu’il puisse cesser d’être lui-même sans pour autant se différencier de lui-même, ou se différencier en demeurant identique à lui-même. Le contradictoire ne peut renaître à moins que la Parole n’engendre sa propre structure de réciprocité. Une mise en scène particulièrement dramatique de ce devenir du contradictoire qui meurt dans le signifiant et renaît de la structure du langage dans le jeu des signifiants est celle de l’incarnation, de la mort et de la résurrection, de ce qui se dit soi-même révélation.

Mais les deux Paroles ne peuvent se rencontrer puisqu’elles expriment deux actualisations qui sont par définition antagonistes l’une de l’autre. Chacune des deux Paroles d’union et d’opposition doit retrouver en elle-même la possibilité de sa relativisation. La chose est immédiatement possible dès lors qu’elle est reproduite par l’autre de façon antagoniste, c’est-à-dire pour chacun dans une relation de réciprocité  (lire la définition) . Par exemple, la Parole d’opposition sœur-épouse ou ami-ennemi peut être redoublée par le vis-à-vis en étant renversée. Ce face à face est celui des organisations dites dualistes c’est-à-dire partagées en deux moitiés qui sont à la fois ennemies et amies. Ainsi, se reconstitue un espace contradictoire mais cette fois-ci au niveau du langage et pas seulement du réel. Et c’est donc des états T différents que l’on va découvrir en deuxième génération. Il en sera de même avec la Parole d’union.

Chacune des deux Paroles a donc un avenir distinct pour pouvoir se structurer selon le Principe de réciprocité. Et on peut voir dans ces deux devenirs opposés celui de la pensée politique et celui de la pensée religieuse [17].

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Notes

[1] HEISENBERG, Werner. Physique et philosophie. Paris : Albin Michel, 1971.

[2] Ibid.

[3] Ibid.

[4] Ibid.

[5] Cf. LUPASCO, Stéphane. Le Principe d’antagonisme et la logique de l’énergie. Paris : Hermann, 1951.

[6] BEIGBEDER, Marc. Contradiction et nouvel entendement. Paris : Bordas, 1972.

[7] La Physique classe les entités élémentaires en deux catégories, les bosons, ainsi appelés car ils répondent à la statistique de Bose-Einstein, et les fermions qui répondent à la statistique de Fermi-Dirac. Les bosons peuvent s’associer indifféremment les uns aux autres tandis que les fermions ne peuvent être associés qu’à la condition de se différencier les uns les autres (principe de Pauli).

[8] HEISENBERG, Werner. Physique et philosophie, op. cit.

[9] LUPASCO, S. Le Principe d’antagonisme, op. cit. ; lire aussi : L’énergie et la matière psychique. Paris : Julliard, 1974.

[10] Lupasco a défini l’actualisation-potentialisation pour les deux pôles du contradictoire mais n’a pas proposé de terme précis pour la manifestation du contradictoire comme tel. D’autre part il a toujours considéré l’affectivité comme extérieure à la conscience de conscience et n’a pas accepté l’idée qu’elle puisse être la conscience s’éprouvant elle-même.

[11] Le principe d’antagonisme implique que l’actualisation de l’énergie et de la matière ne peuvent atteindre une non-contradiction absolue. Dans toute matière ou énergie, il demeure donc du contradictoire qui la relie à l’énergie psychique mais réciproquement le contradictoire ne peut s’affranchir des dynamismes qui lui donnent naissance par leur confrontation. Il n’y a pas d’esprit sans matière et sans énergie.

[12] Cf. LUPASCO, S. L’énergie et la matière vivante. Paris : Julliard, 1974.

[13] Cf. LUPASCO, S. L’expérience microphysique et la pensée humaine. Paris : PUF, 1941.

[14] CHANGEUX, Jean-Pierre. « Remarques sur la complexité du système nerveux et sur son ontogenèse ». Information et communication. Séminaires interdisciplinaires au Collège de France. Paris : Maloine, 1983.

[15] À cause de ce caractère absolu, Lupasco situait l’affectivité hors de la conscience de conscience et n’acceptait pas l’idée que l’illumination de la conscience puisse se fondre en une pure affectivité, le passage lui paraissant impliquer une solution de continuité irréductible entre deux natures.

[16] Les techniques des bouddhistes ont sans doute pour objet de créer cet état de vide de toutes consciences objectives mais qui se traduit par une affectivité parfaite.

[17] Cf. TEMPLE, Dominique « Les deux Paroles » (2003).

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